
Un crime dans l’ombre de la cité royale
Versailles, années 1960. La ville, connue pour son château et son prestige historique, est alors un lieu paisible, loin des tumultes parisiens. C’est dans ce décor que Lucien Léger, employé à l’hôpital psychiatrique de Villejuif, passe inaperçu jusqu’au drame. Le 5 juillet, il attire Luc Taron, un enfant du quartier, sous prétexte de lui montrer des lapins, avant de l’assassiner sauvagement dans un bois de Meudon.
Les circonstances du crime évoquent une préméditation troublante : Léger, qui se faisait parfois appeler Lucien Gilles de Vallière (un pseudonyme empruntant à la noblesse versaillaise), avait déjà été suspecté dans d’autres affaires de violences. Son profil – soignant en psychiatrie mais lui-même suivi pour des troubles – interroge sur les failles du système médical de l’époque.
Déroulement des faits : chronologie d’un drame judiciaire
- 5 juillet 1964 : Luc Taron disparaît après être parti jouer près de chez lui.
- 6 juillet : Son corps est retrouvé mutilé dans les bois.
- 7 juillet : Lucien Léger est arrêté après des témoignages le plaçant près des lieux. Il avoue lors de son interrogatoire, détaillant un acte « impulsif » mais méthodique.
- 1965 : Le procès, tenu à Versailles, condamne Léger à la réclusion criminelle à perpétuité.
Les médias, dont Le Monde (07/07/1964), relaient l’horreur du crime, soulignant la « monstruosité tranquille » de l’accusé. La presse locale (Paris-Journal) évoque une « ville sous le choc », tandis que les habitants manifestent devant la prison, exigeant une justice expéditive.

Entre émotion populaire et réformes
L’affaire Léger a des répercussions rapides :
- Sur le plan judiciaire : Elle relance le débat sur la peine de mort, abolie en 1981, mais largement soutenue à l’époque.
- Sur le plan médical : Les conditions de suivi des patients psychiatres, comme Léger, sont critiquées. L’hôpital de Villejuif durcit ses protocoles de contrôle.
- Localement : Versailles voit sa réputation de « ville sûre » écornée. Des mesures de surveillance accrue sont mises en place dans les parcs, dont le bois de Meudon.
Mémoires et héritage
- La prison de Versailles, où Léger fut incarcéré, a fermé en 2014. Le site, transformé en lieu culturel, ne garde aucune trace visible de l’affaire, mais des archives locales y sont consultables.
- La mémoire de Luc Taron : Une stèle discrète, érigée dans les années 2000, rappelle son souvenir à Meudon. Aucune commémoration officielle n’est organisée.
- Impact sur la psychiatrie : L’affaire a contribué à une meilleure supervision des soignants, bien que des critiques persistent sur la prise en charge des troubles graves.
- Médias et culture : France Culture a consacré un documentaire (Télérama, 2022) à l’affaire, soulignant son aspect « précurseur des faits divers médiatisés ».

Une affaire qui questionne encore
Si Lucien Léger est mort en prison en 1988, son cas reste étudié en criminologie. À Versailles, le crime a laissé une empreinte discrète mais durable, rappelant que même les villes les plus prestigieuses n’échappent pas à la violence. Aujourd’hui, les projets de rénovation du quartier de la gare, près des anciens lieux du drame, pourraient raviver les mémoires.
Sources citées :
- Le Monde (07/07/1964), « L’assassin de Luc Taron écroué à Versailles ».
- RTL (2021), « Affaire Lucien Léger : qui était cet infirmier psychiatre ? ».
- Télérama (2022), « France Culture et l’affaire Léger ».