Un prédateur dans l’ombre des courts
Andrew Geddes, originaire d’Australie, s’est installé en France dans les années 2000, où il a progressivement intégré le circuit des entraîneurs de tennis. Il officiait principalement dans les Hauts-de-Seine, notamment au Tennis Club de Levallois et à l’ASPTT Sarcelles. Son statut d’entraîneur lui a permis d’exercer une emprise sur de jeunes joueuses, âgées de 11 à 15 ans au moment des faits.
Les premières accusations remontent à 2017, lorsqu’une jeune fille porte plainte pour des attouchements subis entre 2013 et 2015. L’enquête révèle rapidement un schéma récurrent : Geddes profitait de son autorité pour isoler ses victimes, sous couvert de séances d’entraînement ou de compétitions. Selon Le Monde, au moins quatre mineures ont témoigné lors du procès, décrivant des viols répétés et un climat de peur.
Un long combat pour les victimes
- 2017 : Première plainte déposée, suivie d’une enquête préliminaire.
- 2019 : Geddes est mis en examen et écroué. Le parquet de Nanterre requiert une peine sévère, soulignant la « préméditation » et la « gravité des faits ».
- 2020 : Lors du premier procès, il est condamné à 18 ans de prison. Il fait appel, prolongeant l’attente des victimes.
- 13 janvier 2021 : La cour d’appel de Versailles confirme la sentence, mettant fin à une bataille juridique éprouvante pour les plaignantes.
Les médias, dont L’Équipe et Le Parisien, ont largement couvert l’affaire, mettant en lumière les failles dans le contrôle des éducateurs sportifs. Les témoignages des victimes, recueillis pendant l’enquête, décrivaient un homme « manipulateur » qui usait de son influence pour étouffer les révélations.
Un électrochoc dans le tennis francilien
La condamnation de Geddes a provoqué une onde de choc dans les clubs où il était en poste :
- Levée de boucliers : Les dirigeants du TC Levallois et de l’ASPTT Sarcelles ont assuré coopérer avec la justice, mais des questions ont été soulevées sur leur vigilance.
- Mobilisation associative : Des organisations comme Colosse aux pieds d’argile ont renforcé leurs interventions pour sensibiliser aux violences sexuelles dans le sport.
- Réactions politiques : La secrétaire d’État aux Sports, Roxana Maracineanu, a annoncé un plan de renforcement des contrôles des antécédents des entraîneurs.
Quelles mesures pour éviter un nouveau drame ?
Trois ans après le verdict, plusieurs changements ont été mis en œuvre :
- Fichier des interdits d’exercer : Le ministère des Sports a généralisé le recours au FIJAIS (Fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles) pour les éducateurs.
- Formation obligatoire : Les clubs doivent désormais former leur staff à la détection des violences.
- Impact local : À Levallois et Sarcelles, les clubs ont instauré des cellules d’écoute pour les jeunes joueurs.
Cependant, des interrogations persistent :
- Surveillance des bénévoles : Les petites structures peinent à vérifier tous les intervenants.
- Prévention insuffisante : Selon une enquête de Libération (2023), moins de 30 % des clubs franciliens appliquent strictement les protocoles.
Vers une meilleure protection des jeunes sportifs ?
Le cas Geddes a servi de catalyseur pour des réformes, mais le chemin reste long :
- Projets législatifs : Une proposition de loi vise à imposer un casier judiciaire vierge pour tout encadrant de mineurs.
- Rôle des fédérations : La FFT (Fédération Française de Tennis) a lancé un audit sur ses 5 000 clubs, mais les résultats tardent.
Si le milieu tennistique affirme avoir tiré des leçons, l’ombre de l’affaire Geddes plane encore, rappelant que la vigilance doit être permanente.
