
Versailles, symbole de démesure énergétique
Les racines au XVIIIe siècle
L’expression puiserait ses sources dans le faste énergivore du règne de Louis XIV :
- 20 000 bougies consommées quotidiennement pour éclairer le château (Archives nationales)
- Un système de chauffage si inefficace que Madame de Maintenon se plaignait d' »y geler l’hiver » dans sa correspondance
La Révolution comme accélérateur
Les cahiers de doléances de 1789 révèlent déjà des critiques sur « le gaspillage scandaleux de la Cour« . Le contraste avec la pénurie de bois qui frappait Paris cette année-là aurait ancré l’image d’un Versailles énergivore.
Comment l’expression a traversé les siècles
1. Naissance dans le langage populaire (XIXe siècle)
Les travaux de l’historien du langage Jean Pruvost situent les premières occurrences écrites dans des chansons ouvrières des années 1860, critiquant les conditions de vie précaires.
2. Appropriation politique (XXe siècle)
- 1936 : Léon Blum l’utilise pour justifier les mesures d’économie
- 1973 : Devient un slogan lors du premier choc pétrolier
3. Modernisation du propos
Avec la transition écologique, l’expression connaît un regain :
- 2005 : Nicolas Hulot la cite dans son Pacte écologique
- 2022 : Emmanuel Macron l’emploie pour appeler à la sobriété énergétique

Un impact inattendu sur Versailles
Pour le château
- 2015 : Installation d’un système géothermique pour réduire de 30% la consommation
- 2020 : Remplacement des 2 000 luminaires par des LED
Dans la culture populaire
- 2009 : Scène culte dans Bienvenue chez les Ch’tis (« Ici c’est pas Versailles, on éteint !« )
- 2021 : Un street-artiste représente l’expression sur un mur de la ville, œuvre vite devenue virale
Quand le patrimoine revisite son image
1. Versailles assume son héritage
Le domaine a lancé en 2023 un parcours de visite « Énergie & Patrimoine » qui :
- Explique les défis techniques du chauffage des galeries
- Met en avant les innovations écologiques actuelles
2. Une expression détournée
- Marketing : Utilisée par EDF dans des campagnes anti-gaspillage
- Dérives : Certains hôtels 5* s’en servent ironiquement pour justifier leur luxe
3. Impact sur la ville
Une étude de l’Office du Tourisme révèle que :
- 23% des visiteurs citent la curiosité autour de cette expression comme motif de visite
- Les commerçants locaux l’utilisent dans leur publicité (« Ici c’est Versailles, on vous gâte !« )
Une expression-miroir de la société française
Ce simple syntagme résume plusieurs couches de l’identité nationale :
- Une critique historique de l’Ancien Régime
- Une valeur républicaine : l’égalité par la frugalité
- Un enjeu contemporain : la transition écologique
Les linguistes notent que peu d’expressions maintiennent une telle actualité sur trois siècles. Preuve que Versailles, au-delà de son image de luxe, reste un marqueur puissant de l’imaginaire collectif français.